Mon installation en Suisse, il y a des années, a entraîné un changement majeur dans mes activités créatives, passant de la peinture et de l'estampe d'art plus visuelle à la production de mots et de textes. Cela s'explique en grande partie par le changement culturel dramatique entre les deux continents et par le fait qu'il est très rare de vivre décemment des arts visuels en Suisse. Les chanceux, les très branchés ou les bruyants, mais très peu d'autres y arrivent.
Autres lieux, nouveau coup de pinceau
La gentillesse, le soin et l'appréciation d'une poignée d'excellents galeristes et marchands d'art, de retour au Canada, ont permis à mes œuvres de se retrouver dans de nombreuses collections privées, ainsi que dans des collections d'entreprises comme BP et Mobil Oil. Avec un sourire ironique, on pourrait se demander s'il n'y a pas un lien entre ces géants des hydrocarbures et le fait que je travaillais surtout dans la peinture à l'huile... Il serait logique maintenant, peut-être, que certaines mini-œuvres récentes sur ma tablette Samsung puissent un jour se retrouver dans une grande compagnie électronique, ou dans leur collection, car les électrons et le lithium poussent maintenant le pétrole et le pétrole hors scène. Comparaison idiote, je sais, mais une pensée amusante.
Pour revenir à des choses plus sérieuses, il serait juste et approprié de reconnaître l'aimable appui de Mme Ruth Freiman, propriétaire des Galeries Robertson à Ottawa il y a quelque temps, de Natalie Szabo et Greg Best, de la galerie Images on Elgin à Ottawa, de Dimension Plus à Montréal, des Éditions Progressive à Toronto et d'une poignée d'autres dont M. Laurier Dubé, qui a exposé mon travail pour la première fois en Europe, et qui a aussi organisé un troc avec l'un de mes artistes grecs préférés, M. Alekos Fassianos, dont la lithographie est encore fièrement exposée ici aujourd'hui, à Fribourg. J'aime cette pièce autant aujourd'hui que lorsque le troc a été fait pour la première fois, et j'espère qu'Alekos apprécie toujours ma propre sérigraphie faite à la main, où qu'il l'accroche.
Comme tous les artistes l'ont toujours fait, depuis l'époque canadienne, j'ai gardé une poignée de pièces, et pour ne pas regarder cette fracture de carrière trop clairement en face, je ne suis jamais retournée dans ces cartons et portfolios, mais je les ai simplement rangés ailleurs. A différentes époques, les portefeuilles étaient sous les lits, derrière les meubles, dans le grenier, où ils se trouvent encore aujourd'hui. Mais maintenant, à la fin de 2019, je commence à penser qu'il pourrait être important, ne serait-ce que pour fermer cette partie de ma vie, de retourner dans cet entrepôt pour jeter un coup d'œil, si les araignées m'ont laissé une partie intacte. En toute justice, j'aimerais pouvoir m'attaquer à ce processus en compagnie des dizaines d'amis et de clients - devenus amis - que j'ai laissés derrière moi, lorsque j'ai quitté le Canada, pour qu'eux aussi puissent participer au dévoilement. Beaucoup voudraient probablement me gifler un peu pour avoir quitté le Canada sans même un mot d'adieu, alors que depuis des années, ils regardent mes œuvres d'art dans leur cuisine chaque matin. Désolé Jadranka, désolé Kim, désolé Janice et une douzaine d'autres. Comment et pourquoi c'est arrivé est inexcusable, mais fait partie d'un livre inachevé auquel je ne suis jamais retourné. Néanmoins, il y a beaucoup de peintures qui, je l'espère, continuent d'être appréciées, et j'admets que c'était une belle coïncidence dans de mauvaises circonstances lorsque ma sœur policiere-sœur de Toronto s'est présentée dans une maison anonyme de cette ville de plus de 3 millions d'âmes, pour recueillir des preuves après une effraction, et a vu par hasard que l'une de mes œuvres était suspendue sur le mur.
Donc, pour faire court, j'ai l'intention d'exposer ici, dans les mois à venir, des photos de certaines de ces œuvres d'art "planquées". Ce sera assez cathartique pour moi de le mettre en ligne, pour les raisons ci-dessus, ainsi que pour quelques autres que je ne peux probablement pas vraiment discerner à ce stade-ci. Certains sont peut-être même à vendre, qui sait. Gardez un œil sur cet endroit, de temps en temps.
